VICTOR HUGO
Stupeur ! se pourrait-il que l'homme s'élançât ?
O nuit ! se pourrait-il que l'homme, ancien forçat,
Que l'esprit humain, vieux reptile,
Devînt ange et, brisant le carcan qui le mord,
Fût soudain de plein-pied avec les cieux ? la mort
Va donc devenir inutile !
Oh ! franchir l'éther ! songe épouvantable et beau !
Doubler le promontoire énorme du tombeau !
Qui sait ? toute aile est magnanime
L'homme est ailé, peut-être, ô merveilleux retour !
Un Christophe Colomb de l'ombre, quelque jour !
Un Gama du cap de l'abîme,
Un Jason de l'azur, depuis longtemps parti,
De la terre oublié, par le ciel englouti,
Tout à coup sur l'humaine rive
Reparaîtra, monté sur cet alérion,
Et, montrant Sirius, Allioth, Orion,
Tout pâle, dira : j'en arrive !
Ciel ! ainsi, comme on voit aux voûtes des celliers
Les noirceurs qu'en rôdant tracent les chandeliers,
On pourrait, sous les bleus pilastres,
Deviner qu'un enfant de la terre a passé,
A ce que le flambeau de l'Homme aurait laissé
De la fumée au plafond des astres !....
Stupeur ! se pourrait-il que l'homme s'élançât ?
O nuit ! se pourrait-il que l'homme, ancien forçat,
Que l'esprit humain, vieux reptile,
Devînt ange et, brisant le carcan qui le mord,
Fût soudain de plein-pied avec les cieux ? la mort
Va donc devenir inutile !
Oh ! franchir l'éther ! songe épouvantable et beau !
Doubler le promontoire énorme du tombeau !
Qui sait ? toute aile est magnanime
L'homme est ailé, peut-être, ô merveilleux retour !
Un Christophe Colomb de l'ombre, quelque jour !
Un Gama du cap de l'abîme,
Un Jason de l'azur, depuis longtemps parti,
De la terre oublié, par le ciel englouti,
Tout à coup sur l'humaine rive
Reparaîtra, monté sur cet alérion,
Et, montrant Sirius, Allioth, Orion,
Tout pâle, dira : j'en arrive !
Ciel ! ainsi, comme on voit aux voûtes des celliers
Les noirceurs qu'en rôdant tracent les chandeliers,
On pourrait, sous les bleus pilastres,
Deviner qu'un enfant de la terre a passé,
A ce que le flambeau de l'Homme aurait laissé
De la fumée au plafond des astres !....